L’aménagement du restaurant a été conçu avec deux lignes directrices clé : la première, que le lieu transcende l’artisanat, le fait main haute couture réalisé à la force des mains, et la seconde que la cuisine soit sans barrière au cœur du restaurant.
Le point focal, qui cueille le regard du passant dès la rue, c'est la cuisine, qu'on pourrait dire ouverte, mais qui est plus que cela : elle orchestre l'espace, couronnée d'une structure en chêne, quadrillage cubique cher à Sol LeWitt. On pense à ses sculptures, mais son minimalisme est un peu contredit. Cette construction en bois, qui affiche simplement la beauté de ses assemblages, est beaucoup plus sensuelle, plus artisanale, et plus spectaculaire ! Car si elle sert à ranger la vaisselle – une fonction qu'elle remplit solidement –, elle donne aussi l'impression de flotter. Auxiliaire de l'illusion : le bleu ténébreux qui recouvre les murs et le plafond, masque les fines tiges qui suspendent la structure, et met en valeur, par contraste, la teinte ambrée du chêne.
De l'ensemble émane une élégance rustique qui dépayse autant qu'elle met à l'aise, quelque chose de terrien, sans âge et sans folklore, à l'instar des assiettes que le chef prépare sous les yeux des convives. Et, se laissant aller, on finirait par dire de ce lieu qu'il est bon, comme peut l’être un repas.